jeudi 22 mars 2012

« LE ROLE DE LA FEMME DANS LES TROIS RELIGIONS MONOTHEISTES »


« LE ROLE DE LA FEMME DANS LES TROIS RELIGIONS MONOTHEISTES »
MERCREDI 21 MARS 2012
RENCONTRE INTERRELIGIEUSE EN PARTENARIAT AVEC LE PARVIS DU PROTESTANTISME



Depuis près de trois ans, le Centre Mondial du Judaïsme Nord-africain s’associe au Parvis du Protestantisme pour organiser régulièrement des rencontres interreligieuses ouvertes au grand public sur des thèmes d’actualité et des questions de société.
Les locaux du Parvis du Protestantisme étaient trop exigus pour accueillir la presque centaine de personnes venue entendre trois femmes engagées dans la société civile, parler de la conception qu’elles ont de leur rôle au sein de leur confession respective.
Sous la conduite modératrice d’Evelyne Fréchet, psychanalyste, Evelyne Sitruk pour la partie juive, Akila Boumerja pour la partie musulmane et Sylviane Ill pour la partie protestante, ont évoqué leur cheminement respectif mais aussi leur engagement en tant que femmes croyantes et  responsables au sein d’une société fondée de plus en plus sur le matérialisme.

De gauche à droite : Akila Boumerja, Sylviane Ill et  Evelyne Sitruk


Evelyne Sitruk, a été la première à ouvrir le débat sur un sujet qui traditionnellement fait couler beaucoup d’encre. Engagée dans la cité, présidente de la Bibliothèque juive de Marseille, professeur à l’Ecole juive Yavné, Evelyne Sitruk a insisté sur un judaïsme dont le caractère conservateur est bousculé depuis plusieurs années par des mouvements plus modernistes et plus en phase avec l’évolution de la société. 
En préambule, Evelyne Sitruk a définit le judaïsme comme une pensée religieuse insistant sur le fait que la loi juive (Thora) impose aux Juifs le respect absolu des lois du pays d’accueil.  Et de remarquer que l’engagement de la femme au sein de sa communauté confessionnelle dépend pour une bonne part de l’éducation qu’elle a reçue mais aussi de la capacité de dialogue au sein de la famille. 
Dans un discours se voulant sans complexe, Evelyne Sitruk n’a pas occulté une au sein d’une partie de la communauté juive une certaine tendance à reléguer la femme dans l’unique préoccupation de l’entretien du foyer ou encore dans l’éducation des enfants. Cependant, elle a rappelé une modification des habitudes (présence de femmes dans les conseils d’administration de quelques  Consistoires israélites) et une tendance positive de voir de plus en plus de femmes juives se tourner vers l’étude des textes, chose qui semblait encore impossible voilà quelques décennies.

«  Les principes généraux du Judaïsme sont subordonnés aux principes généraux des lois de la République »


La théologienne et pasteure, Sylviane Ill a quant à elle, positionné la thématique en rappelant les grandes périodes qui ont marqué l’histoire de la Chrétienté et à travers elle l’image de la femme et sa représentation. Insistant sur le rapport de l’Eglise au Sacré et sur la symbolique de la Vierge dans la catéchèse, Sylviane Ill en est arrivé à la perception que l’Eglise Réformée avait de la femme et dont la différence d’avec le catholicisme touchait surtout à la place de la femme dans la communauté religieuse plus en phase avec l’évolution de la société. 

Cependant, et c’est là un point commun avec les autres traditions monothéistes, la femme demeure dans le catholicisme  exempte de sacerdoce et de prêtrise, ce qui n’est pas le cas dans le protestantisme. 

« Le regard que Jésus porte sur la femme rompt radicalement avec la société et les modes culturels juifs de son temps. »


Il revenait à Akila Boumerja de clôturer cette table ronde en évoquant le rôle de la femme dans l’islam. Cantonnée essentiellement dans une vision islamique à la différence de deux autres intervenantes qui ont cherché à replacer la thématique dans le contexte de la société, Mme Boumerja a présenté une image idyllique de la femme musulmane qui a laissé l’auditoire quelque peu dubitatif.
Prônant dans une certaine mesure la Charia comme source fondamentale du droit islamique, allant même jusqu’à faire l’apologie de la polygamie, l’auditoire a regretté que le débat sur la femme dans l’islam a été présenté d’une manière un peu trop réductrice. 

« La femme dans l’islam est une princesse » a déclaré Akila Boumerja devant un public peu convaincu par le propos.


UN DEBAT … ANIME

Le thème en lui-même ne pouvait qu’être la source d’un débat que les intervenantes attendaient. Or, le débat fut à la fois animé et très constructif. Comme on pouvait s’y attendre, la majorité des questions a porté sur l’intervention d’Akila Boumerja et sur l’assentiment qu’elle a semblé donner aux principes de la charia.
Naturellement cette vision des choses a posé clairement la question du rôle des religions par rapport aux lois en vigueur en France, et sur le respect que tout citoyen doit avoir face aux lois de la république. En ce qui concerne la polygamie qui est strictement interdite en France, Akila Boumerja n’a pas jugé bon de revenir sur un principe essentiel à savoir que chaque confession doit se soumettre aux règles de droit du pays d’accueil, mais bien au contraire, elle a considéré que la difficulté en France d’assurer la polygamie était due au fait qu’économiquement il lui paraissait difficile pour un homme de subvenir financièrement aux besoins de plusieurs épouses.

Les questions ont fusé de toute part protestant contre une vision à la limite du fondamentalisme islamique. 

Un public très motivé  et très impliqué dans la thématique de la femme et sa place dans la société

Un débat très animé…

Le pasteur Keller interpellant Akila Boumerja




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