vendredi 11 février 2011

Projection du film « mémoire d’enfants » . Le jeudi 10 février 2011

Des élèves du lycée Gustave Flaubert de Tunis-la Marsa se sont rendus à Auschwitz sur les lieux mêmes du camp d'extermination. Leurs impressions ont été filmées par Bô Gauthier de Kermoal rendant un documentaire à la fois sensible et pudique. 

Cette projection a été co-organisée par le Centre Mondial du Judaïsme Nord-africain, le CRIF Marseille-Provence et le Comité de Coopération Marseille Provence Méditerranée, en partenariat avec la Bibliothèque à Vocation Régionale de l’Alcazar.

A propos du film …

Bô Gauthier de Kermoal, réalisateur du film


Mémoire d'enfants n'est pas un documentaire de plus  à inscrire dans la longue filmographie consacrée à la Shoah en général et aux divers voyages effectués par de jeunes élèves sur les lieux d'Auschwitz – Birkenau. En effet, Bô Gauthier de Kermoal a filmé durant trois jours un groupe de lycéens du lycée Gustave Flaubert de Tunis – la Marsa qui a fait le déplacement de Pologne. Comment ces jeunes en majorité de culture musulmane, et tous vivants en Tunisie allaient-ils appréhender cette visite d'Auschwitz? Comment ces adolescents heureux de vivre et de s'éclater comme ils disent allaient-ils approcher un univers  étouffé par la cruauté ?  Durant 40 minutes, ces enfants vont parler avec sincérité, générosité et douleur parfois comme le témoignage d'une génération qui a la lourde mission de reprendre le flambeau pour que la barbarie soit à jamais rayée de l'espèce humaine.

Cette aventure a été le fait de la volonté des responsables du Lycée Gustave Flaubert de Tunis-la Marsa, mais plus encore de la motivation de Jean-Marc Gillet, professeur d'histoire. Ce voyage, a-t-il confié à la caméra, a été pour lui autant que pour les élèves une expérience unique qui, a-t-il ajouté avait renforcé les liens entre les adolescents et entre eux et lui.

Marseille se mobilise pour la mémoire


Auditorium de la Bibliothèque à Vocation Régionale de l'Alcazar.


Dans le très bel auditorium de la Bibliothèque à Vocation Régionale de l'Alcazar, plus d'une demi-douzaine d'établissements scolaires représentant pas moins de trois cent élèves s'étaient donné rendez-vous le 10 février 2011 pour voir ce film. Aux côtés de Bô Gauthier de Kermoal, le réalisateur et du professeur Renée Dray-Bensoussan,présidente de la Commission Mémoire du CRIF, des représentants qualifiés de l'Académie Aix-Marseille et du Conseil Général des Bouches-du-Rhône ont tenu a participer à cette manifestation montrant ainsi l'intérêt des responsables au plus haut niveau de l'Education et des Collectivités locales sur la question de la mémoire.

Les responsables du Ministère et de l'Education et à travers Jocelyn Zeitoun, la volonté affichée de Jean-Noël Guérini de considérer l'enseignement de la Shoah comme un élément fondamental d'éducation citoyenne notamment contre tous les racismes, tous ont insisté sur l'urgence à impliquer les jeunes dans une approche de l'Histoire en prodiguant, chacun à sa manière,  un cours d'instruction civique que les jeunes présents ne sont pas prêts d'oublier.

Un débat de très haut niveau

Après la projection du film, le réalisateur Bô Gauthier de Kermoal, a répondu aux multiples questions posées par les élèves présents. Il a notamment expliqué les difficultés d'un tel film qui mettait en scène des adolescents face à une réalité souvent insoutenable. «Personne n'est sorti indemne de cette expérience» a-t-il ajouté en rappelant que sa principale intention en tant que réalisateur fut de ne jamais tomber dans le voyeurisme.  

Élève posant une question durant le débat.

Le professeur Renée Dray-Bensoussan, présidente de la Commission « mémoire » au CRIF et représentant sa président, Michèle Teboul, a brossé le décor historique afin de replacer la Shoah dans son contexte, insistant particulièrement sur le fait que la Solution Finale a été un objectif d'industrialisation effroyablement rationnel à l'encontre d'une population dont le seul crime était d'être juif. 

Le Président du Centre Mondial Robert Bismuth a résumé cette manifestation par le fait que les élèves présents à l'Alcazar ont indirectement participé à une grande aventure. Après avoir salué le courage des élèves du lycée Gustave Flaubert de Tunis-la-Marsa et de leur professeur Jean-Marc Gillet, il a appelé l'auditoire à reprendre le flambeau.