vendredi 28 janvier 2011

Déjeuner débat sur les déportations en Tunisie durant l’occupation Nazie (Hivers 1942 – Printemps 1943). Le 27 janvier 2011

 


Dans  le cadre de la Journée mondiale du Souvenir de la  Shoah, le Comité de Coopération Marseille Provence Méditerranée en partenariat avec le Centre Mondial du Judaïsme Nord africain et la Société d'Histoire des Juifs de Tunisie (SHJT) a organisé le 27 janvier dernier une journée pédagogique consacrée à l'histoire de la déportation des Juifs de Tunisie en 1943. Pour ce faire, le professeur Claude Nataf, président de la SHJT a effectué le déplacement de Paris.

La journée a débuté par un déjeuner débat qui a drainé un large public ainsi des professeurs d'histoire et responsables d'écoles du secteur public, démontrant ainsi le souci des éducateurs de maintenir d'apprendre la Shoah à des élèves quelles que soient leur origine ethnique ou confessionnelle. 

La déportation des Juifs de Tunisie est un épisode relativement méconnu. Pour une immense majorité, la Shoah est un génocide qui a touché un judaïsme essentiellement européen. Claude Nataf a modifié cette vision des choses en décryptant le plan diabolique des nazis, qui, au lendemain de la Conférence de Wansee, décidant de la Solution Finale, n'avait qu'un objectif : l'élimination de tous les Juifs d'Europe, d'Afrique du Nord et de Palestine. Autrement dit, les invasions nazies devaient systématiquement s'accompagner de l'extermination des Juifs des pays conquis. 

Claude Nataf (au centre) évoquant la Shoah en Tunisie
Professeur d'histoire rompu au décryptage des textes et des témoignages, Claude Nataf a insisté sur l'arrivée en Tripolitaine de Walter Rauff, inventeur des sinistres camions à gaz. Rauff avait comme mission d'exterminer les Juifs de Palestine, mais le revers subi par l'armée de Rommel prise en étau entre les armées britanniques stationnées en Egypte et celles des Alliés débarqués en Algérie, a empêché cette extermination. Dès lors, la Tunisie point stratégique de repli des Allemands fut le lieu qui restait à Rauff pour envisager l'extermination des 250 000 juifs tunisiens. Claude Nataf a magistralement démontré cette spirale infernale arrêtée par la reprise du contrôle du front par les Alliés.

Mais l'occupation allemande en Tunisie a duré tout de même six mois durant lesquels les déportations ainsi que les pressions exercées quotidiennement sur les responsables de la communauté  juive tunisienne par la Gestapo (racket financier, obligation de fournir en hommes le STO etc...) n'étaient pas un événement anecdotique mais bel et bien la logique d'extermination des Juifs orchestré par les nazis sur tous les fronts.


De gauche à droite: Claude Nataf, le Président Robert Bismuth, et trois professeurs de collège.

Les questions ont tourné largement autour de cette histoire à connaître et à faire connaître pour reprendre l'expression de Claude Nataf. Et au terme d'une conférence qui aura eu le mérite de repositionner l'histoire de la Shoah en Tunisie dans le contexte global de la Conférence de Wansee, le public aura retenu sans doute l'élément essentiel du message de Claude Nataf : durant la guerre il n'y a pas eu de juifs heureux au Maghreb.