mercredi 23 mars 2011

Les enjeux religieux et moraux de la bioéthique. Le 22 mars 2011

Alors que le Parlement débat sur l'évolution de la législation française en matière de bioéthique, il a semblé important aux responsables du Parvis du Protestantisme et du Centre Mondial du Judaïsme Nord-africain de s'intéresser à ces question fondamentales touchant la vie humaine en demandant à deux experts, le docteur Waltraud Verlaguet et le rabbin Laurent Berros de faire le point sur ce sujet.


Le Docteur Waltraud Verlaguet, spécialiste de biologie cellulaire, théologienne protestante, écrivain et philosophe.   
Le Rabbin Laurent Berros, aumônier militaire de la Région Nord, rabbin de Sarcelles et   du Val d'Oise.
 LE DEBAT

Pour le docteur Verlaguet, la bioéthique exprime un questionnement philosophique en tenant compte des réalités sociales. La nature n'est pas quelque chose de sacré dit-elle et d'ajouter «ce n'est pas parce quelque chose est naturel que c'est forcément bon» Comprendre les injustices et chercher à les combatte: voilà bel et bien le sens d'une éthique de la vie qui exige courage et détermination. Comprendre la détresse d'une femme qui se trouve devant une grossesse non désirée et pour qui la nécessité d'une IVG répond à un impératif de justice sociale, est aussi une démarche bioéthique.

Le rabbin Berros analyse la bioéthique en demeurant fondamentalement attaché aux textes juifs. Ainsi, la raison qui conduit Dieu à créer une seule sorte d'homme, en opposition à une multitude d'espèces animales, traduit l'unicité de l'homme ; et cette unicité implique que  la vie humaine est elle aussi unique. «C'est en respectant la vie de l'autre que je respecte Dieu» Répondant au docteur Verlaguet sur la question précise de l'interruption volontaire de grossesse, le rabbin Berros rappelle que dans la tradition juive, l'âme est formée dans le fœtus à partir du 40ème jour suivant la date de conception. Dès lors, plus question de tuer cette âme.

Vue de la salle  du Parvis du Protestantisme.


Doit-on « débrancher » un patient ?

L’aumônier catholique de l’hôpital Saint Joseph après avoir évoqué le travail sur le terrain et les problèmes rencontrés quotidiennement, questionne les deux intervenants sur leur avis concernant la décision de « débrancher » ou non les appareils médicaux de survie.

Cette question a généré tout un débat autour de l’accompagnement des personnes en fin de vie. La prise en compte de la douleur est un devoir pour chacun. Le docteur Verlaguet et le rabbin Berros ont tenu sur ce point un discours semblable.

Comment accompagner les patients vers la fin ? 

Au-delà de l’importance philosophique de cette question, au-delà des intentions religieuses et humanistes, la question de ce participant pose la problématique de la peur de l’homme devant la Mort.
Le docteur Verlaguet le rabbin Berros ont mis particulièrement l’accent à la fois sur l’écoute du patient et sur les moyens de le guider vers le passage en toute quiétude.
« Il faut que l’âme quitte le corps en toute sérénité et souvent je demande à la famille de quitter la pièce au moment des derniers instants »
(Rabbin Berros)

Que dire  des « bébés médicaments » ?

L’avis des deux intervenants sur ce sujet a été sensiblement le même en considérant qu’une telle thérapie avait tous les risques de provoquer chez les enfants un dérèglement psychologique, dès lors qu’ils apparaissent aux yeux de la famille moins comme des enfants désirés que des enfants conçus pour guérir un autre membre de la fratrie.

De gauche à droite : Marc Roux, le Rabbin Laurent Berros, le Docteur Robert Bismuth et le Docteur Verlaguet


LES CONCLUSIONS

Ce débat sur la bioéthique s’inscrit dans la lignée d’un ensemble de rencontres interreligieuses qui tend à favoriser un dialogue intense entre les trois grandes religions monothéistes à Marseille.  C’est ainsi que le président du Parvis du Protestantisme, Monsieur Marc Roux inscrit l’esprit de ces causeries qui, depuis plus d’un an ont attiré plus des centaines de personnes issues de tous les horizons socioprofessionnels et de toutes les expressions religieuses de Marseille. 

ALLER TOUJOURS PLUS LOIN

Le président du Centre Mondial du Judaïsme Nord-africain, le docteur Robert Bismuth, devant le succès de ce débat a proposé d’élargir la discussion dans le cadre d’une prochaine rencontre sur les dons d’organes avec des représentants chrétiens, musulmans et juifs.