« LE ROLE DE LA FEMME DANS LES TROIS RELIGIONS MONOTHEISTES »
MERCREDI 21 MARS 2012
RENCONTRE
INTERRELIGIEUSE EN PARTENARIAT AVEC LE PARVIS DU PROTESTANTISME
Depuis près de trois ans, le Centre
Mondial du Judaïsme Nord-africain s’associe au Parvis du Protestantisme pour organiser
régulièrement des rencontres interreligieuses ouvertes au grand public sur des
thèmes d’actualité et des questions de société.
Les locaux du Parvis du Protestantisme
étaient trop exigus pour accueillir la presque centaine de personnes venue
entendre trois femmes engagées dans la société civile, parler de la conception
qu’elles ont de leur rôle au sein de leur confession respective.
Sous la conduite modératrice d’Evelyne
Fréchet, psychanalyste, Evelyne Sitruk pour la partie juive, Akila Boumerja pour
la partie musulmane et Sylviane Ill pour la partie protestante, ont évoqué leur
cheminement respectif mais aussi leur engagement en tant que femmes croyantes
et responsables au sein d’une société
fondée de plus en plus sur le matérialisme.
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De gauche à droite : Akila Boumerja, Sylviane Ill et Evelyne Sitruk |
Evelyne
Sitruk, a été la première à ouvrir le débat sur un sujet qui traditionnellement
fait couler beaucoup d’encre. Engagée dans la cité, présidente de la Bibliothèque
juive de Marseille, professeur à l’Ecole juive Yavné, Evelyne Sitruk a insisté
sur un judaïsme dont le caractère conservateur est bousculé depuis plusieurs
années par des mouvements plus modernistes et plus en phase avec l’évolution de
la société.
En
préambule, Evelyne Sitruk a définit le judaïsme comme une pensée religieuse
insistant sur le fait que la loi juive (Thora) impose aux Juifs le respect
absolu des lois du pays d’accueil. Et de
remarquer que l’engagement de la femme au sein de sa communauté confessionnelle
dépend pour une bonne part de l’éducation qu’elle a reçue mais aussi de la
capacité de dialogue au sein de la famille.
Dans
un discours se voulant sans complexe, Evelyne Sitruk n’a pas occulté une au
sein d’une partie de la communauté juive une certaine tendance à reléguer la
femme dans l’unique préoccupation de l’entretien du foyer ou encore dans
l’éducation des enfants. Cependant, elle a rappelé une modification des
habitudes (présence de femmes dans les conseils d’administration de
quelques Consistoires israélites) et une
tendance positive de voir de plus en plus de femmes juives se tourner vers
l’étude des textes, chose qui semblait encore impossible voilà quelques
décennies.
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« Les principes généraux du Judaïsme sont subordonnés aux principes généraux des lois de la République » |
La
théologienne et pasteure, Sylviane Ill a quant à elle, positionné la thématique
en rappelant les grandes périodes qui ont marqué l’histoire de la Chrétienté et
à travers elle l’image de la femme et sa représentation. Insistant sur le
rapport de l’Eglise au Sacré et sur la symbolique de la Vierge dans la
catéchèse, Sylviane Ill en est arrivé à la perception que l’Eglise Réformée
avait de la femme et dont la différence d’avec le catholicisme touchait surtout
à la place de la femme dans la communauté religieuse plus en phase avec l’évolution
de la société.
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« Le regard que Jésus porte sur la femme rompt radicalement avec la
société et les modes culturels juifs de son temps. »
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Il
revenait à Akila Boumerja de clôturer cette table ronde en évoquant le rôle de
la femme dans l’islam. Cantonnée essentiellement dans une vision islamique à la
différence de deux autres intervenantes qui ont cherché à replacer la
thématique dans le contexte de la société, Mme Boumerja a présenté une image
idyllique de la femme musulmane qui a laissé l’auditoire quelque peu dubitatif.
Prônant
dans une certaine mesure la Charia comme source fondamentale du droit
islamique, allant même jusqu’à faire l’apologie de la polygamie, l’auditoire a
regretté que le débat sur la femme dans l’islam a été présenté d’une manière un
peu trop réductrice.
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« La
femme dans l’islam est une princesse » a déclaré Akila Boumerja devant un
public peu convaincu par le propos.
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UN DEBAT … ANIME
Le
thème en lui-même ne pouvait qu’être la source d’un débat que les intervenantes
attendaient. Or, le débat fut à la fois animé et très constructif. Comme on
pouvait s’y attendre, la majorité des questions a porté sur l’intervention
d’Akila Boumerja et sur l’assentiment qu’elle a semblé donner aux principes de
la charia.
Naturellement
cette vision des choses a posé clairement la question du rôle des religions par
rapport aux lois en vigueur en France, et sur le respect que tout citoyen doit
avoir face aux lois de la république. En ce qui concerne la polygamie qui est
strictement interdite en France, Akila Boumerja n’a pas jugé bon de revenir sur
un principe essentiel à savoir que chaque confession doit se soumettre aux
règles de droit du pays d’accueil, mais bien au contraire, elle a considéré que
la difficulté en France d’assurer la polygamie était due au fait
qu’économiquement il lui paraissait difficile pour un homme de subvenir
financièrement aux besoins de plusieurs épouses.
Les
questions ont fusé de toute part protestant contre une vision à la limite du
fondamentalisme islamique.
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Un public très motivé et très impliqué dans la thématique de la femme et sa place dans la société |
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Un débat très animé… |
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Le pasteur Keller interpellant Akila Boumerja |
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